Après cette nuit vivifiante, courte et hachée, j’étanche ma soif des icebergs présents dans mes réserves d’eau et tente de plier mes vêtements mis à sécher, plus rigides que l’acier

À l’extérieur, Morana, qui m’a rappelé toute la nuit qu’elle était la divinité de l’hiver et de la mort, a laissé son haleine givrée dans l’herbe, jusqu’à la rendre blanche et hirsute

Белая зима, ой, пришла да не спросилаBelaya zima, oy, prishla da ne sprosilaÔ hiver blanc, sans crier gare tu es arrivé
Лютая пришла, серебром снегов укрылаLyutaya prishla, serebrom snegov ukrylaFéroce tu es arrivé, d’une neige argentée tu as [tout] dissimulé
Превратила в лёд мою душу и сердечкоPrevratila v lyod moyu dushu i serdechkoEn glace tu as transformé mon âme et mon cœur
Замерзшими слезами покрыла речку […]Zamerzshimi slezami pokryla rechku […]De larmes gelées tu as recouvert la rivière […]

Лютая зима забрала в объятия МарыLyutaya zima zabrala v ob’yatiya MaryFéroce hiver, vers l’étreinte de Morana tu m’as mené

ГрайGrai В объятиях МарыV ob’yatiyakh MaryDans l’étreinte de Morana

Les hêtres en berne après leur effeuillage burlesque d’hiver laissent traîner leurs froufrous passés de mode dans un bain où je perds pied

J’avance avec difficulté aujourd’hui, la nuit peu reposante m’a doté d’une démarche zombiesque digne des marcheurs blancs du nord de Westeros

Mon estomac tout barbouillé m’impose même de compléter ma nuit d’une sieste au creux des terrasses de schiste dédiées aux châtaigniers, à l’abri des potentielles averses annoncées

Les encouragements de la Schtroumpfette me ravigotent l’esprit

La voie romaine serpente au milieu des châtaigneraies (ils sont fous ces romains à chercher la castagne) et me mène à Burzet, niché dans le giron de la Bourges

Je pioche à peine dans mon ravitaillement et, tel le fakir, je pousse l’ascétisme en fermant l’œil sur un lit de bogues pointues, bien avant le déclin du jour, pour une abyssale nuit cette fois-ci

Mes pas se sentent suffisamment en forme pour grimper à la Gravène, quelle surprise que d’observer le métissage des scories et du parterre de châtaignes !

Mon esprit, encore un peu fébrile, divague et en vient à me pomponner à l’aide les accessoires à portée de main pour me requinquer

Depuis le rocher d’Autureyre, je contemple l’horizon froncer les sourcils et m’imprègne du pianotage des giboulées dans les feuilles mortes

Le dies iræ céleste compte s’éterniser, je préfère arrêter la mule à Meyras, dans un appartement douillet

Détails d’étapes :

  • 2 étapes
  • 1 jour de repos
  • Rares éclaircies et giboulées :sun_behind_large_cloud: :sun_behind_rain_cloud:
  • 33 km
  • +1100 m
  • -2150 m

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