Le renouveau

Sous la fine bruine matinale, les chevreuils détalent en entendant le bruissement de mes pas
Je chemine tranquillement vers la crète, au sec, mais dans un brouillard dense et paisible

Seuls les mimosas d’hiver daignent percer l’épaisse brume de leur lumineuse mais timide aura

Un petit creux s’offre à moi, je m’y niche pour me restaurer à l’abri des courants d’air

La garnison azure prend le dessus sur son ennemi nébuleux et les rameaux de houx flamboyent pour marquer le coup
La bataille n’est cependant pas terminée, je passe l’après-midi à enlever et remettre mon équipement contre la pluie

Les bogues, vides de châtaignes mais gorgées d’eau, s’écrasent sur mon passage

Avant de rejoindre mes pénates, je prends ma douche, avec la contribution d’une averse, dans le torrent qui a l’avantage d’être à température ambiante
Un jour nouveau fait gambiller mes pas au milieu des pierriers moussus centenaires. Roméo esquive cependant le Mont Aigu, le fort vent du balcon dissuade toute déclaration enflammée aujourd’hui

Mon acuité visuelle prophétise l’arrivée d’or blanc dans un avenir proche

Gagné ! Sur le plateau sommital, la burle calme mes ardeurs et mon enjambée sur le suaire blanc, je planque mes esgourdes et mes mimines pour traverser l’interminable et calamiteuse zone laiteuse
Ek em hjá þér allri tíð
Ástarvin sló máttahríð
En þó er morginn dulit mér
Ok fǿrir bardaginn sitt frer
Eigi sjám vér fram á leið
Vánar veg verð eigi breið
Þó eigi óttask skulum vér
Því ógnin er alt komin hér
Kalandra
Bardaginn

Je quitte le blizzard du Tanargue, aussi surnommé la montagne du Tonnerre, en me faufilant dans la sinuosité et la quiétude de drailles saupoudrées

La burle hurle sur les crêtes, j’interromps mon étape sur le flanc d’une douillette sylve, cocon pare-brise contre les bourrasques de la nuit à venir

À l’heure où blanchit la campagne, je fais la rencontre de sentinelles d’ébène, stoïques sur l’horizon, semblant côtoyer l’infini, de jour comme de nuit, insensibles aux intempéries

Autour du sentier des lauzes, syrah et viognier volent la vedette aux châtaignes

La dernière ascension, sur une draille vétuste, tapissée de mousse verdâtre, aboutit…

…à la douce chaleur de rayons de soleil, m’enivrant le cœur pour conclure ma traversée !

Allez viens, j’t’emmène [aux Vans]
Je t’emmène au-dessus des gens
Et je voudrais que tu te rappelles
Notre amour est éternel
Louise Attaque J’t’emmène au vent
Détails d’étapes :
- 3 étapes
- Brouillard, averses, vent et belles éclaircies
- 66 km
- +3100 m
- -3300 m
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