Je profite, pour mon évasion, d’une migration d’oiseaux sauvages qui me déposent sur un sable euskarien, peinant à atteindre sa couleur de miel au lever du jour

Tossing misguiding maps
Butterflies in my guts
It is I, your lifelong vagabond

Les pieds encore tourmentés par mes 2 récentes aventures hivernales et quête incertaine, je mets néanmoins les voiles l’esprit empli d’entrain

Dans les vagues, attirent mon attention de nombreux surfeurs, qui ne semblent pas embêtés par le ressac glacial et le plafond grisâtre

Le temps d’une bouchée, des bibasses drues envolent mes papilles vers mon astéroïde natal

Alors que l’océan migre vers l’horizon, je lambine vers le plancher des pottokspotiok

Peu à peu, les sonorités hispanophones parfument mon sillage : me voilà dans la péninsule ibérique !

Motivé par les saveurs de chocolat et de noisette, je ramone soigneusement les volcans en activité du coin

Au petit matin, les digitales sèchent doucement les larmes nocturnes du ciel

Presque invisiblement, le sol français s’immisce sous mes pieds à un col, je me retrouve à naviguer à cheval sur la frontière, dessinée par pierres et planches de bois. J’entends parler castillan et français, ne manque que le basque pour compléter le trio des panonceaux alentours

Dozens of languages
Hundreds of dialects
I speechlessly soak up them all

Les nuages facétieux me poussent à m’abriter dans une ancienne grange. Je patiente fasciné par un bousier se faire une orgie avec la tonne d’excréments à disposition

Are you, are you
Coming to the tree?
Where I told you to run
So we’d both be free

James Newton Howard The Hanging Tree

Leste et porté par le vent de la liberté, je continue de jouer les funambules sur la ligne séparant le Pays Basque entre Espagne et France

Certains après-midi, les stratus s’effilochent pour laisser passer les rayons de soleil

Heureux qui, comme les limaces, adore la météo fadasse

Mes cabrioles dans les flaques de gadoue font s’élever le parfum des dieux dans l’air

Petrichor, the odor of gods
Mighty scent, which overlord lauds
When you come, our lives begin again
Torn by thunder, you born in blessed rain

Ignea Petrichor

Pas âme qui vive en cette saison, je vogue au milieu des pâturages du néant

Des borborygmes intestinaux sonnent l’heure du gueuleton, approuvé par la zone de pique-nique partiellement au soleil

De retour au pays aux 258 variétés de fromage, des indigènes me questionnent sur le poids de mon sac à dos. Je m’attendais plutôt à interrogations sur la légèreté de mes pas et de mon cœur, les grandes personnes sont bien étranges

Les élevages alentours me dessinent des moutons

Une colline verte et 3 baobabs chênes massifs me mettent à disposition le gîte pour une nuitée

Les bêlements de mes voisins laineux jouent les réveil-matin pour m’extirper de mon coma

J’enjambe une longue démarcation barbelée pour passer en terre hispanique une nouvelle fois

Dans la vallée de Roncesvalles, je croise des souvenirs de mon Camino Francès ainsi que quelques coquilles pèlerines sur pattes

Une hêtraie magique prend le relais, j’ai l’impression d’avoir été transporté dans un autre monde, merveilleux, teinté de chocolat à la menthe

Suit un chemin forestier longuet me laissant de marbre, qui, surprise, se termine sur un camping n’existant plus

Tant pis, ou plutôt tant mieux, j’installe Simone à côté des roucoulements d’un ruisseau et des babillages de bouvreuils pivoine

À l’aurore, le pelage des souris des bois frétille sous les feuilles encore somnolentes

Une fois hors de la forêt, un magnifique flanc de montagne verdoyante m’offre des mottes de terre sur lesquels mon cœur d’enfant sautille en mode dahu

Ma crème solaire entre en jeu et démarre aujourd’hui un régime amaigrissant…

…ou plutôt un jeun intermittent tout compte fait

Sur les sommets dégagés, les moutons accumulent chaleur et vitamine D printanières

Le parcours sylvestre en contrebas me promène au gré des nuages. J’esquive soigneusement les limaces qui y foisonnent

Le lac d’Iraty décuple l’éclat émeraude des hêtres pour compenser le morne coussin nuageux

Pluie et grêle qui picote le derme m’accueillent à mon arrivée au refuge d’Iraty, j’ai tout juste le temps de m’abriter. Le ciel s’annonce diluvien pour demain, je capitule et accepte une journée de repos forcé

Détails d’étapes :

  • 5 étapes
  • Nuages, éclaircies, bruine :cloud: :sun_behind_small_cloud: :cloud_with_rain:
  • 123 km
  • +5700 m
  • -4500 m

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