Des Lataniers à Coteau Maigre

Maurice, affublé de crête et peintures à l’iroquoise, sûrement un punk échappé des Dolomites,

Les songes de la canalisation des Orangers s’entremêlent à ceux de mon gouzou intérieur

Alors que je sue à grosses gouttes sous le cagnard, Biba, dans son hamac, se dore la pilule

L’immense cirque escarpé resplendit de mille feux aujourd’hui

Je descends encore une fois à ma rivière préférée, où proche de l’eau, quelques passages acrobatiques font tambouriner mon cœur de gouzou
L’interminable remontée de l’autre côté, sans ombre, emmène mes pas jusqu’à la Nouvelle. Paisible
Quelques milliers d’années
Auront suffit à l’infecter
Pauvre petite planète souillée
De notre humanité […]
À qui la faute ? Où est le mal ?
Après tout c’est la nature qui régale […]
S’il ne reste qu’un tour
Avant la fin de la mission
Abreuvons d’amour
Les champs de ruine que nous laisserons
Dansons, dansons
En cette fin de civilisation, dansons
Matmatah Nous y sommes

De nouveau à la rivière des Galets, j’amarre ma péniche à quai #BalanceTonPort

L’ultime gâteau de lune, comme l’astre sélène à qui il rend hommage, entre dans sa phase décroissante

Alors que les larmes de l’aurore s’éveillent délicatement, je me dirige vers le cirque de Cilaos


Arrivé à Bras Rouge, 2

…et Souraya partagent avec moi le chouïa de becquetance qu’il me reste

Les eaux bienfaisantes de Cilaos remplissent mes auges, vidangées ce matin par l’énergie solaire ambiante

L’adulte responsable reprend temporairement les commmandes pour se ravitailler. Arriver un dimanche après-midi à Cilaos rend la mission délicate, je ne trouve qu’une épicerie où un choix des plus sommaires s’offre à moi

Je rends les commandes à l’insouciant gouzou et butinerai ce que la providence voudra bien m’offrir

Cette nuit, je bivouaque en compagnie de Victor, que j’ai croisé à plusieurs reprises au cours de chacune de mes indolentes journées. Le niveau de ses victuailles rase le niveau des paquerettes patates douces aussi, on se glousse de la situation toute la soirée
Travèrs’ santyé solèy réyoné
Kas’ la blag’
Na ankor manzé pou fé
Saodaj’ 5/8
J’amorce ma longue étape de la journée alors que la ceinture d’Orion scintille dans l’obscur cœur de la voûte céleste

L’endroit que l’on ne quitte jamais s’éveille lentement pendant mon ascension vers le sommet de l’Île Intense
Sur mon chemin, une pancarte fait l’alarmant constat de la prolifération d’amas roses et blancs le long du sentier, disséminés par l’espèce la plus envahissante de la Terre. Avec humour, elle invite chaque randonneur à les enterrer, loin des grottes et abris, à défaut de les ramener, et même mieux, à utiliser les feuilles laineuses du papier toilette péi en remplacement

Les arbrisseaux prennent la place de la forêt tropicale alors que le Piton des Neiges s’offre aux randonneurs dans un ciel dépeuplé de nuages

C’est tellement mystérieux, le pays des larmes
Antoine de Saint-Exupéry Le Petit Prince

Déjeuner à la spartiate ce midi avec le ravito frugal d’hier :
Mon enfant intérieur se fait surprendre par une sieste impromptue, j’ai à peine le temps de pousser sa tête à

Sorti de ma torpeur par les cris “Apéro !” du trop proche gîte, portés au loin jusqu’à mes tympans, mes pas se remettent à louvoyer, à contresens des cumulus qui glissent vers le toit de l’océan indien
Plus loin, je repasse en forêt et me trouve un carré d’herbe. Après la douche minimaliste pour esquiver la case
Détails d’étapes :
- 3 étapes
- Grand soleil et brume
- 44 km
- +5100 m
- -3500 m
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